Plan foireux

"Ça ne marchera jamais!"

"Ça marchera si tu la boucles!"

"On ne sait même pas à qui on doit s'adresser pour cette ânerie! Et puis, les prêtres peuvent nous sonder et nous démasquer en un clin d'œil!"

"Mais non! Le médaillon te protège! Tu as l'identité d'une prêtre à part entière! Alors arrêtes de flipper!"

"Mais pas toi!"

"Moi, je ne suis là qu'en tant que garde du corps, comme d'habitude! On ne me sondera pas! Je n'interviendrais que si les choses tournent mal!"

Van poussa un soupir, l'air très peu convaincu par les paroles de Nel. Il était vêtu de la cape des prêtres, et du médaillon que lambeaux avait donné pour leur permettre de s'introduire en douce dans Lokaris.
Grâce à ça, les gardes à l'entrée de la ville n'avait posé aucune questions.
C'était pas mal d'incarner l'autorité suprême!
Mais bon, maintenant, fini de s'amuser.
Nel avait décidé de profiter de ses talents d'orateur pour trouver des réponses.
Et naturellement, il avait décidé de commencer par l'endroit le plus dangereux de la ville et le plus bourré de prêtres: la cathédrale!
Selon Nel, si il y avait une part de vérité dans ce qu'avait dit lambeaux, alors, il trouverait la solution par ici.
Van aurait bien aimé commencer par un endroit cool, genre une auberge. Mais Nel avait été inflexible.
Et donc, ils se retrouvaient tous les deux devant la cathédrale. Enfin, surtout lui. Nel allait disparaître au bout de quelques pas pour veiller sur lui à distance.
Tsssss...
Encore un moyen pour ne pas faire parti du décor!
Avec un haussement d'épaules, Van se mit en marche en prenant un air suffisant et sûr de lui.
Il frnachit le seuil de la cathédrale et chercha du regard par où il allait bien pouvoir commencer son enquête.

Lorsqu'Aënariön ouvrit les yeux, il lui fallut près d'une minute pour se souvenir de l'endroit ou il se trouvait. Lorsqu'enfin la mémoire lui revint, un grognement perca le silence de la chambre.
Pourquoi avait-il fallu qu'il prenne une chambre aussi miteuse d'ailleurs? Il n'était pas étonnant qu'en se levant il entende un brusque craquement du a ses articulations mises à rude épreuve. Se frottant d'une main les yeux, il se souvint avoir mieux dormi à la belle étoile, avec comme seul matelas le sol rocailleux. Comme quoi le matelas qu'il avait du subir cette nuit n'était vraiment, mais vraiment pas confortable.
Le jeune homme s'approcha de la fenetre, donnant sur une rue sale, avant de faire quelques étirements matinaux qui le relaxèrent. Sa fine musculature se courbait et vibrait au rythme de ses gestes agiles, à la manière d'un judoka.
Lorsqu'il descendit dans l'auberge, Aënariön était habillé, armé, et regarda les personnes présentes de son regard volcanique. Il sortit sans rien prendre à manger, ne voulant pas comparer la quaité de la nourriture à celle du lit, et se dirigea rapidement vers la cathédrale en bousculant au passage pas mal de monde.
Une épée gravée pendait à son côté, cliquetant doucement à chaque pas en harmonie avec les nombreux bijoux argentés qu'il portait sur lui. Cette arme n'était pas la seule de son arsenal, complétée par deux lames courtes de facture artisanale et par un arc accroché par une lanière de cuir dans son dos.
Le jeune homme esquissa un pâle sourire en arrivant devant la batisse imposante. Il était nécessaire maintenant de ne pas perdre son sang froid. Une chose à la fois, chaque chose en son temps, il se devait de respecter cette règle. Lui d'un naturel si ardent, ca risquait d'etre dur, mais s'il ne le faisait pas ca compromettrait toutes ses actions.
Détaillant du regard la cathédrale, il analysa rapidement la situation. Tout d'abord, découvrir les dangers majeurs pouvant l'empecher de mener à bien sa mission. Ensuite, trouver les points faibles du batiment. Et enfin...

*Ca va faire un beau feu de joie*

Eclatant d'un rire sans joie, il laissa ses pas le mener à l'intérieur de la cathédrale, remarquant à peine le prêtre qui marchait devant lui.

(Sorry de répondre seulement maintenant. Mais en fait, j'avais pas vu qu'on m'avait répondu. ^^")

L'endroit était immense.
La lumière ne filtrait que par des vitraux colorés, décalquant leurs images à même le sol de pierre.
Le plafond était très haut, et peind de scènes mythiques étranges.
Dans cet immense bâtiment, les prêtres se retrouvaient pour parler, et recevoir leur mission.
Ils échangeaient les dernières nouvelles, sur les rebelles, sur l'Imaginati, et sur le reste.
Van resta un moment à contempler les lieux.
Nel lui flanqua un coup de pied discret.

"Ouch! Qu'est ce qui te prend?!"

"T'es censé déjà connaître les lieux."

Oups! Il avait raison!
Van rectifia immédiatemment son attitude, et avança en ne jetant plus qu'un oeil de soi-disant connaisseur sur ce qui l'entourait.
Nel esquissa un sourire. Puis recula dans l'ombre, et disparut totalement aux yeux des prêtres.
Van n'avait pas besoin de lui pour pêcher les infos dont ils avaient besoin.
Tout à coup, Nel aperçut un guerrier qui entrait dans la cathédrale, juste derrière Van. Il sembla exité quelques secondes, comme si il était sur le point de dire ou de faire quelque chose d'important.
En un clin d'oeil, cette attitude disparut, et on ne put voir plus que l'homme d'armes, fort, et sûr de ses capacités.
Un prêtre se dirigea vers lui, l'air imposant et autoritaire. Grand et sec comme une branche morte, chauve, il stoppa devant le nouvel arrivant et lui signifia d'un ton sec:

"Ce lieu est interdit aux impies! Sortez!"

Ca et là, quelques prêtres stoppèrent leur discussion pour observer l'altercation, prêts à venir en renfort à leur semblable si besoin était.
Nel resta immobile dans l'ombre.

Aënarion regarda avec un étonnement parfaitement imité le prêtre lui signifier de sortir.
Ses talents de comédien auraient peut-être fait de lui un parfait acteur de théâtre s'il était devenu le beau jeune noble qu'il aurait du être.
L'histoire en avait décidé autrement, heureusement pour lui.
Bref, revenons à nos moutons. Le prêtre semblait sérieux et lui montrait la sortie.
Le jeune guerrier haussa les épaules en soupirant, cachant derrière un masque impassible son amusement en voyant la tête du prêtre, chauve, tout mince et désséché.

- Excusez-moi Monseigneur, je pensais que j'aurais pu... visiter cet endroit, pour me reconvertir, vous voyez?

Il tendit sa main droite, main contenant une magnifique croix en argent finement ciselé et décoré de motifs inconnus.

- Ah pardon, je me trompe de religion.

Il éclata de rire, tandis que la croix se transformait immédiatement en une petite dague qu'Aënarion planta dans le coeur du prêtre.
Les autres lui foncèrent dessus immédiatement, sortant poignards et masses pour tuer l'assassin.
Aënarion sourit, enlevant lentement la dague du coeur de sa victime. L'arme se divisa en trois petites billes de métal tournoyant autour du bras de l'Elémental. Il tendit les deux mains, dirigeant les billes qui frappèrent les prêtres au visage, au cou, aux mains et même à l'entrejambe.
Dès que l'un d'eux laissait une faille dans sa défense, les billes se muaient en fines feuilles de métal tranchantes comme des rasoirs et leur sectionnait l'artère ou la gorge.
Le sol de la cathédrale fut vite rougi par le sang abondant coulant des prêtres égorgés, résonnant des pas du tueur talentueux qui manipulait le métal à la perfection.
Il n'y eut bientôt plus personne, qu'Aënarion et ses soupçons. Les billes se reformèrent en un collier qui entoura le cou du jeune homme.
L'Elémental ferma les yeux, inspirant profondément. Sa voix s'éleva alors, grave et sans appel.

- Si tu te montrais un peu à la lumière, toi qui te cache dans l'ombre.

Aënarion salua d'un bref hochement de tête le personnage qui venait d'apparaitre.
Il ne s'étonna pas outre mesure des questions que l'inconnu posa immédiatement, questions qui étaient sans contexte légitimes et surtout normales.
L'Elémental glissa ses doigts dans ses cheveux d'un vert impressionnant, levant les yeux vers le plafond.
Que pouvait-il bien répondre?

"Salut, je suis un mercenaire à la solde des rebelles"

Ou encore:

"J'suis un pauv' gars contrôlant le métal"

Non, rien de tout cela ne lui serait venu à l'idée. A la place, il fixa sur l'inconnu un regard émeraude, s'autorisant un sourire un peu ironique.

- Tu comprendras que je ne peux pas répondre à ta première question...

Laissant un bref silence suivre ses paroles, il réfléchissait déjà à la deuxième question. Fallait-il oui ou non dire son véritable but.
Haussant les épaules, il se dit que, de toute manière, il aurait déjà essayé de lui nuire s'il l'avait voulu.
De plus, le corps d'un des prêtres ne portait aucune marque de lames ou de coups, ce qui confirmait l'idée d'Aënarion.

*C'est lui qui a tué ce prêtre*

- En ce qui concerne mon but, il est simple. Tu vois cette magnifique cathédrale? demanda l'Elémental en levant les bras vers les voûtes qui amplifiaient ces paroles, des échos de sa voix grave et vibrante parcourant tout le bâtiment.

- Eh bien, d'ici un tour de sablier, elle s'écroulera, le tout en ayant l'air d'un accident, répondit-il avec un geste de la main significatif.

Aënarion hocha de la tête lentement, secouant la main en signe de dénégation.
Lui, un rebelle? Il ne fallait pas rêver. Pourquoi vouloir perdre sa vie pour une cause perdue d'avance? Les rebelles étaient faibles, démunis, ridicules face aux prêcheurs et à leur chef.
Non, il n'était pas rebelle, et ne le serait jamais.

- La rébellion m'a engagé pour détruire ce lieu qui est l'un des centres majeurs de l'oppression. L'un des rebelles avait entendu parler de mes exploits comme mercenaire.

Riant silencieusement, il était malgré tout très fier de sa réputation. Assassin, chasseur de primes, mercenaire, pirate, tous les métiers dangereux et meurtriers, il les avait faits.
Il n'avait pour l'instant rencontré personne capable de lui tenir tête.
Jetant au sol le sac qu'il portait sur l'épaule, le contenu se déversa sur le carrelage de la cathédrale. Des pièces d'or, rien que ça.
Plusieurs milliers de pièces d'or sonnantes et trébuchantes.

- Pour des rebuts, ils paient bien. Et moi, tant que les finances roulent, tout roule.

Tendant la main, il ramena le contenu dans le contenant et ramassa le tout.
Il ne prenait plus la peine de regarder ses interlocuteurs, analysant avec soin la structure de la bâtisse pour trouver les points faibles parfaits.

- Mais je peux vous retourner la question, que faites-vous ici?